Killing Eve

 Killing Eve est arrivée sur moi comme la foudre, me laissant électrisée et fascinée. La saison 1 démarre une série de dérapages à l'humour macabre façon Tarantino avec un meurtre commis par Villanelle, personnage solaire et détaché, incontrôlable et perfectionniste mercenaire. Chaque mission est pour elle l'occasion d'un coup d'éclat, d'une mise en scène qui frappe par son esthétique, son incongruité, son mystère. Marque d'arrogance, d'irrespect, d'insolence, c'est aussi un défi lancé à l'aveugle, la recherche de qui la méritera. Quelqu'un est réceptif à ces signaux et part en chasse : c'est Eve, enquêtrice sans gloire. Villanelle va s'amuser un peu, identifiant une partenaire à sa mesure : elle traque Eve à son tour, dans un jeu provoquant où la séduction brouille petit à petit les limites. Eve a beaucoup plus à perdre que Villanelle mais en même temps qu'elle est dépouillée, elle se découvre. Enquête sur l'autre, enquête sur soi, très belle scène où chacune se contemple de part et d'autre d'un double miroir. 

Eve travaille pour le MI6, sous la direction de Carolyn, caustique, coriace, obstinée.  Villanelle oeuvre pour une sournoise organisation de méchants, les 12, qui intéresse également les services secrets russes, incarnés notamment par Konstantin, au rire tonitruant. D'étranges liens rapprochent les chefs - chefs de quoi, d'ailleurs, on a de plus en plus le vertige. Je ne suis pas sure d'avoir tout suivi, mais à la saison 4, tout s'éclaire (bon n'hésitez pas à me dire ce que vous avez compris, tout de même)

De saison en saison, on comprend mieux qui est Villanelle, tout comme les autres personnages, sauf Eve, peut-être, qui est toute en devenir, plutôt. C''est pour moi le fil conducteur de la série, mais j'imagine que d'autres fans auront préféré le volet espionnage. Entre découverte de soi et trahisons cruelles, il faut parfois être patient pour laisser courir certaines sous-intrigues (dont je n'ai pas vu l'intérêt en tout cas). Et bémol, la saison 4 m'a paru manquer de la subtilité nécessaire : trop de temps sur le pasteur, pas assez pour expliquer la décision de Pam, pourquoi ces meurtres-là... un burlesque pas drôle, et surtout, surtout, l'érotisme supposé de voir l'autre tuer, voire un soupçon de plaisir à torturer, m'a-t-il semblé détecter - qui auraient dû être traités avec prudence.

La saison 4 a déçu de nombreux fans si j'ai bien compris. Mon conseil : savourer les trois premières saisons (ah... l'échappée de Villanelle en tulle rose dans la grisaille d'un boulevard parisien au petit matin), et lire la fin sur internet :)

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